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Helianthus I : Formulation de la stratégie
Helianthus II : Homogénéisation de la force mobile
Helianthus III : Équipements et unités spécialisés


II - Homogénéisation de la force mobile

Il s'agit d'une guerre technologique dans laquelle les éléments décisifs (chars, avions) changent sans arrêt. Il est donc difficile d'imposer à l'avance une homogénéisation sur ces matériels critiques, en dehors de caractéristiques déjà anticipables. On considérera que la fonction des matériels, c'est-à-dire l'avantage militaire qu'ils procurent, prime sur les considérations logistiques.

1. Carburant        (Retour en haut de la page)

Les blindés performants sont allemands, et fonctionnement à l'essence, donc pour simplifier l'approvisionnement en carburant le reste de la force mobile utilisera aussi l'essence. Les véhicules diesel actuellement disponibles sur place seront utilisés jusqu'à épuisement du stock local puis soit convertis avec des moteurs essence si possible, soit cannibalisés pour pièces (voir plus loin le projet “Mula/Maultier”) soit enfin renvoyés en Métropole.


2. Transport         (Retour en haut de la page)

La force mobile utilisera autant que possible des véhicules italiens dont la variété sera restreinte, afin de simplifier la maintenance, l'interchangeabilité des pièces et la cannibalisation des pertes.

Un exemple est le camion Lancia Ro, standard dans l'armée italienne et bien adapté au théâtre d'opération de Libye, qui deviendrait ainsi aussi standard pour les troupes allemandes.

Nota : Ce principe aurait-il empêché un réapprovisionnement en Kübelwagen après le convoi initial, au profit de la Fiat 508CM ? Dans une logique stricte, oui. C'est dommage car plusieurs caractéristiques du Kübelwagen, notamment son refroidissement à air, sa simplicité et sa rusticité, le rendaient très bien adapté à ce théâtre d'opération. Mais dans une logique d'homogénéisation, il aurait fallu alors aussi équiper les Italiens de Kübelwagen. De plus, tout Kübelwagen en Libye manquerait ailleurs, notamment pour Barbarossa. Si aucun véhicule italien ne faisait l'affaire il aurait fallu fournir une licence à un constructeur italien pour les produire (nous verrons plus loin l'exemple du FM ZB-30).


3. Armes légères et mitrailleuses          (Retour en haut de la page)

Toujours dans la même idée, le fusil Carcano, le pistolet Beretta 34 et le pistolet-mitrailleur Beretta 38 italiens équiperaient les militaires allemands.

Homogénéisation des mitrailleuses :

3a. Option bi-calibre 8x57 IS – 6,5x52

Le calibre 8x59 est utilisé par la Breda-37 installée dans les véhicules italiens. L”homogénéisation la plus succincte serait de remplacer ces mitrailleuses par des MG-34, équipement irremplaçable dans les blindés allemands. Les fusils-mitrailleurs resteraient alors les Breda-30 en 6,5x52.

3b. Option monocalibre 8x57 IS

Cependant, on peut considérer que le fusil-mitrailleur italien Breda 30, inadapté aux conditions du désert, ne serait pas accepté par les Allemands et qu'ils continueront à utiliser des mitrailleuses en 8x57 IS, ce calibre étant de toutes façons présent.

Si l'on voudrait que cette force mobile ait un armement homogène et qu'il ne se crée pas de dissensions à cause de dotations de qualité inégale, il faudrait envisager l'adoption d'un seul calibre de mitrailleuse.

Les deux options en 8x57 IS sont la MG-34, et la ZB-30, sœur jumelle de la Bren britannique (leur mère commune ayant été la ZB-26, avec peu de différences entre ces modèles). Ces deux armes sont en calibre standard allemand 8x57 IS, qui se trouve être aussi celui utilisé dans les blindés britanniques (la BESA, variante de la ZB-53) que l'on pourrait éventuellement capturer ou cannibaliser.

Nota : A posteriori, on sait que la MG-34 hors des véhicules n'aimait pas beaucoup le sable du désert, et que la Bren avait moins de problèmes sur ce plan-là. On pourrait dans cette uchronie rendre les décideurs prescients et leur faire choisir la ZB-30 en Libye par exemple pour garder plus des coûteuses MG-34 pour Barbarossa, mais il y a un autre aspect : à mon avis l'avantage de la ZB-30 était la possibilité de former les soldats à l'entretien et l'utilisation de la BREN, dans une logique assez “Première Guerre Mondiale” finalement.

En dehors des usines « tchèques », la ZB-30 était déjà fabriquée en Roumanie et en Yougoslavie à l'époque : une licence de production pour Breda pourrait être envisagée. Cela entraînerait l'arrêt sans doute définitif de la production de la Breda-30, arme médiocre mais standard, et une période d'adaptation, en plein conflit, pour un avantage tardif. C'est une décision qui devra être prise à un échelon plus élevé.

Même dans le cas d'une décision favorable, la fourniture initiale en ZB-30 et éventuellement en ZB-26 serait faite sur les stocks allemands, ce qui grèverait la préparation de Barbarossa, mais de manière somme toute modeste. Là encore c'est une décision qui revient à un échelon plus élevé.

3c. Option bi-calibre 8x57 IS - .303 British

Une dernière option serait d'équiper les unités d'infanterie de la force mobile avec des armes légères britanniques capturées lors de la Campagne de France. Ces armes seraient en nombre suffisant pour équiper les trois à quatre divisions de la force mobile et fonctionneraient convenablement dans le désert mais amèneraient à nouveau une difficulté logistique sur le théâtre d'opération. Il faut ajouter à cela qu'il faudrait les prélever sur des troupes d'occupation en Norvège.


4. Artillerie         (Retour en haut de la page)

Nota : peut-être ne connaît-on pas encore le rôle décisif de la portée de l'artillerie dans la guerre du désert à ce moment-là (lire l'étude “German Experiences in Desert Warfare” de 1952 (et ses annexes ) . Il est vraisemblable que l'on soit alors tenté par la recomplétion de l'artillerie obsolète italienne avec des pièces de prise équivalentes, françaises, belges ou autres, notamment pour garder un standard. Par contre on connaît l'inadaptation de ce matériel pour la traction dans le désert, ce qui ne sied pas à une force mobile.

4a. Artillerie de campagne

L'artillerie de campagne italienne est en l'état surclassée par l'artillerie britannique au moins au point de vue de sa mobilité, à cause d'affûts inadaptés à la traction mécanique dans le désert, et aussi souvent à cause de sa portée insuffisante.

Pour revenir à une forme de parité, il est sensé de recourir aux pièces que l'ennemi utilise lui-même. 704 canons 25-Pounder sur châssis de 18-Pounder furent capturés par les Allemands lors de la campagne de France ( http://www.wwiiequipment.com/index.php?option=com_content&view=article&id=125:british-equipment-losses-at-dunkirk-and-the-situation-post-dunkirk&catid=50:other-articles&Itemid=61 ). Ces pièces sont sur des affûts adaptés à la traction mécanique et il est inexplicable que ces armes modernes aient été dévolues à la défense côtière en France et en Norvège.

Compte-tenu de la quantité qui serait requise pour équiper la force mobile en Afrique du Nord, il n'y a pas d'autres alternatives à ce choix qui ne grèverait pas significativement Barbarossa. Une partie substantielle, un tiers au moins, de l'artillerie de campagne de la force mobile force devrait être composée de ces pièces pour avoir un intérêt logistique en plus de l'intérêt militaire.

La production en série des munitions par l'Italie serait alors justifiée par le nombre important de ces pièces.


4b. Artillerie antichar

Il est certes tentant d'envoyer en Italie des pièces antichar immédiatement disponibles et encore utiles comme le 25mm français ou le 40mm britannique capturé en grand nombre en France.

Il est cependant utile de rappeler que les capacités de transport vers l'Afrique du Nord sont limitées, et de ce fait tout équipement transporté en Libye devra être utile le plus longtemps possible.

Le blindage des chars ne cessant d'augmenter, les pièces antichar mentionnées précédemment se retrouveraient inadéquates avant la fin de leur durée de vie. Comme la campagne de France a montré que les pièces de campagne de 75mm étaient des armes antichar supérieures, il faudrait reverser des canons italiens 75/27 déjà présents aux unités antichar.

Il serait utile d'examiner la cannibalisation des roues et pneus des 216 canons 18-Pdr modernisés que l'Allemagne a capturé en France, ce afin de pouvoir rendre les pièces de 75mm italiennes réellement mobiles et de ne pas recourir à devoir les porter sur les camions.

Il est à noter que ces pièces resteraient utiles dans un rôle d'artillerie de campagne et que les pièces britanniques de 18/25Pdr sont aussi conçues dans un rôle antichar. La modularité de ces solutions est un avantage dans une situation où la pauvreté de l'approvisionnement ne favorise pas les armements trop spécialisés.


5. Chars et canons automoteurs          (Retour en haut de la page)

L'industrie allemande étant à la pointe de la technologie dans ce domaine, les blindés performants seront fournis par elle. C'est l'élément le moins planifiable de cette force mobile, et qui restera toujours dépendant de l'évolution des autres fronts, Barbarossa en premier.L'industrie italienne ne pourra quant à elle ne pas fournir un modèle substantiellement plus évolué que le char M13/40 avant deux ans ; les quantités produites devraient être modestes.

Il faut toutefois pondérer cette pauvreté en ressources avec le train logistique qui y est associé : il n'est pas utile d'avoir davantage de chars si l'on ne dispose pas de suffisamment du carburant, de la logistique et de la maintenance nécessaires pour les utiliser tous. Compte-tenu de la situation de l'approvisionnement sur ce théâtre d'opération, la taille de la composante blindée active se heurtera à un maximum logistique.

Mais ce maximum logistique n'interdit pas la constitution d'une réserve, d'autant plus que les conditions d'utilisation dans le désert endommagent et immobilisent fréquemment les blindés.Des chars de prise peuvent constituer les premiers éléments de cette réserve. S'il est désirable d'homogénéiser les matériels courants, on doit accepter tous les matériels d'importance décisive.


Après la campagne de France, l'Allemagne disposait des chars britanniques suivants (d'après le site beutepanzer.ru ) :
- entre 23 et 29 chars Matilda II
- 31 chars Cruiser MkII (A10)
- 100 chars Cruiser MkIV (A13) (Nota : ils furent utilisés pour Barbarossa)

De l'équipement de maintenance pour ces chars et de la documentation furent également capturés.

La centaine de A13 représente sans doute un standard à part entière, plus intéressant pour Barbarossa que pour la Lybie. Les autres blindés sont encore à un niveau technologique utile à la force mobile pour un an au moins, mais dans un rôle de réserve, faute de pièces détachées en nombre suffisant. Un autre avantage substantiel dans ce contexte est de permettre la formation d'équipes de maintenance adaptées au matériel anglais, qui pourraient ainsi permettre le réemploi rapide de chars ennemis capturés.


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