Une population pleine d'espoir

La première chose qui frappe tout visiteur qui se rend à Mimas, c'est l'attitude vive et résolue de ses habitants. Tous ont d'abord quitté une colonie bien rodée et peut-être un peu trop calme, pour se retrouver dans une colonie exigüe et nue. Se joignent à eux des Métropolitains ivres de liberté, frais décryogénisés, et des individus désireux de se faire oublier ou de repartir à zéro.

On remarque une proportion élevée de vieilles personnes et de retraités, qui viennent mettre leur expérience au service des "petits nouveaux". Leur apport est crucial au reste de la population, jeune voire très jeune, pour qui l'édification de la colonie sera l'oeuvre de toute une vie.

Pour l'instant, il n'y a pratiquement pas d'enfants dans la colonie, mais dès l'année prochaine, une première vague de nouveaux-nés est attendue. Dans vingt ans, lorsque ces enfants viendront à maturité, la colonie sera tout juste achevée ; ils prendront la place des anciens, qui pourront alors profiter de dernières années plus sereines.

Un équipement contrasté

Pendant ces vingt ans, 5 à six générations d'équipements vont devoir fonctionner ensemble, vaille que vaille

Et ce ne sera pas de tout repos, lorsqu'on voit qu'énormément de machines et de systèmes de survie datant déjà d'une ou deux générations. Les automobiles, par exemple, datent d'avant la guerre, des engins exigüs, poussifs, rafistolés milles fois, aux sièges défoncés et qui ont passé les dix dernières années dans un container rouillé flottant dans l'espace.

Les produits de niveau 0, c'est-à-dire les équipements de survie et de construction, sont une collection hétéroclite provenant de stocks de sécurités et de surplus de production accumulés sur vingt ans par sept colonies différentes. L'urgence de la construction de la colonie n'a même pas permi de regrouper ces équipements par générations, ce qui d'ailleurs, compte-tenu de l'immense diversité, aurait été une tâche insurmontable. L'expérience des plus vieux est alors précieuse dans ce bricolage permanent.

Dans l'industrie, on attend de robots très récents, achetés à prix d'or aux Corporations, une avance sur le plan de production. Mais ces robots vont surtout servir à développer la base industrielle de la colonie. De vieilles machines capricieuses et usées seront jusque-là utilisées pour la construction mécanique et tous les produits courants.

Mais on voit également des équipements résolument novateurs côtoyer des pièces de musée. Dans le secteur énergétique, en plus des vieux générateurs à fusion on trouve un prototype expérimental de générateur gravitationnel offert par la colonie d'Adrastea (Jupiter), Mimas étant elle aussi soumise à des marées gravitationnelles.

Commerce et diplomatie

Lorsque tout est à faire, la tentation d'acheter son développement à crédit est forte. Mais pour l'instant, Mimas n'a rien à exporter, aucune source de richesse, aussi les crédits restent encore à mériter.

En cette sortie de guerre, on a octroyé à Mimas une grande part de l'exploitation des épaves et vaisseaux déclassés, activité peu rémunératrice et condamnée à court terme, mais génératrice de ressources. Par cette activité, Mimas a récupéré un ancien cuirassé géant nippon qui, malmené par les marées gravitationnelles, joue désormais le rôle de plateforme orbitale.

La flotte de guerre de Mimas, trois des plus vieux et des plus abîmés des croiseurs de classe "Monolith" de la flotte Coalisées, provient également de cette activité. Plusieurs rumeurs circulent selon lesquelles leurs équipages sont en partie constitués de pirates ayant réussi à fuir leur ceinture d'astéroïdes ou "importés".

Pour l'instant Mimas est un nain militaire, les tenues obsolètes et dépareillées de ses soldats peut même faire sourire quelques visiteurs. Néanmoins, Mimas est indépendante et contribue à faire contrepoids à la Fédération Européenne ; elle reçoit pour cela un appui financier des colonies indépendantes.

La place future de Mimas dans l'économie de Saturne et du système solaire est encore incertaine, mais hommes d'affaires et industriels visitent déjà la colonie, et de nombreuses intrigues s'y nouent déjà, profitant d'une police et d'une justice encore mal en place.