Circuit de financement criminel

   

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Le système hautement centralisé et informatisé du Capital-Travail exclut efficacement les activités illégales. Celles-ci ayant toujours lieu, un système parallèle a dû être constitué pour que les clients de la pègre puissent utiliser leur Capital-Travail à l'achat de biens ou de prestations illégales.

Le circuit qui est exposé ici concerne la prostitution, mais il s'applique de la même manière à toutes les activités illégales standardisées, comme par exemple la vente de stupéfiants.

 
     
  Schéma du circuit d'économie parallèle appliqué à la prostitution  

 

 
 
  1. Le client va acheter auprès d'un magasin d'équipement de la colonie un produit standard bien précis correspondant à la valeur de la prestation de la prostituée, ici un cardan. Notons que dès lors qu'il a acheté ce cardan pour une valeur de 100, la valeur de celui-ci est de 90 : c'est sa valeur marchande, c'est-à-dire le prix auquel la colonie est prête à le racheter.
  2. Le client paie la prostituée avec le cardan en échange de la prestation de service.
  3. La prostituée échange avec son souteneur le cardan contre d'autres biens d'une valeur moindre, ici un crayon laser. C'est à ce stade que se produit la plus-value pour la pègre.
  4. La pègre échange le cardan à la colonie contre des biens d'une valeur unitaire moindre, plus faciles à manipuler. Notons qu'il s'agit ici d'un simple échange : les lots échangés ont la même valeur marchande.
  5. La plus-value réalisée entre d'une part l'échange avec la colonie et d'autre part l'échange avec la prostituée est répartie entre les divers acteurs de la pègre impliqués dans le circuit. (Cf. infra)
  6. La colonie revend le cardan à un autre client, réalisant une plus-value comptable en Capital-Travail. Nota : cette plus-value rémunère en fait les frais de logistique et de vente pour la colonie. (a)
(a) Au total, la colonie n'enregistre ni gain ni perte, son avantage est que par ce circuit, l'économie parallèle - inévitable - ne déstabilise pas tout le système du Capital-Travail.
       
  Détail : flux internes à la pègre

En détail, ce que nous appelions plus haut "la pègre" regroupe trois acteurs distincts : le souteneur, le chef de gang et le marchand spatial.

Le profit réalisé dans le cadre du circuit évoqué précedemment relève de l'économie physique, et n'a lieu qu'à l'échelon du chef de gang. Les deux autres acteurs, qui ne font que transmettre les biens sans possibilités de bénéfice, sont rémunérés par un système différent interne au gang, le pool.

Le chef de gang, lorsqu'il reçoit la cargaison de crayons lasers, en place une partie en sécurité, l'autre partie étant destinée au flux qui rémunère in fine les prostituées. La partie mise en sécurité s'intègre dans l'ensemble des possessions du chef du gang et plus généralement dans sa gestion de pouvoir, le pool, qui inclut par exemple les faveurs.

C'est avec ce pool de marchandises et de faveurs que le chef de gang peut rémunérer le souteneur et le marchand spatial.

 
     
 

Nous voyons sur le schéma une valeur indicative de ce qu'il revient à chaque acteur par passe (flèches rouges), qu'il faut multiplier par l'ordre de grandeur (cercles bleus).

Si dans ce modèle chaque des prostituées effectue une passe, il en ressort la réparition suivante, en valeur marchande :

  • pour chacune des 40 prostituées : 60
  • pour chacun des 5 souteneurs : 120
  • pour le chef de gang : 400
  • pour le marchand spatial : 200

Il faut noter que chaque acteur a des charges spécifiques :

  • la prostituée doit acquérir ses outils de travail (habits, maquillage, accessoires, parapharmacie etc.)
  • le souteneur doit veiller aux locaux et aux conditions de travail des prostituées
  • le chef de gang doit assurer la bonne marche de l'ensemble (sécurité, gestion du pool, contacts avec les marchands etc.)
  • le marchand prend à sa charge le stockage et la logistique des stocks échangés, ainsi que le risque commercial
 
     
 

Quelques précisions

* Pourquoi la prostituée échange-t-elle un bien à 90 contre un bien à 60 ?

S'il existe effectivement des prostituées amateur, celles-ci ne disposent pas des lieux où se rendent les clients, elles sont réduites au racolage, ce qui est interdit et amène donc des ennuis judiciaires. Elles sont en outre exposées au risque de faire un mauvais échange voire d'être bredouille, car elle ne peut pas passer de contrat légal comme dans le cadre de l'artisanat.

La pègre offre donc dans ce contexte un système de rémunération stable, en plus des locaux et de la sécurité nécessaires à l'activité, c'est pourquoi la prostituée accepte cette moins-value. Rappelons ici que 100 est le salaire d'une journée de 8h pour un colon standard, dont une prostituée capte 60% pour une demi-heure à une heure de son temps.

* Le réseau indiqué ci-dessus est simplifié, car les prostituées n'exerçent que 2 à 3 heures dans les colonies (voir le chapitre correspondant dans le dossier "Justice & Crime"), un souteneur gère simultanément de 6 à 8 prostituées, sur un ensemble quotidien trois fois plus important.

Il y a aussi des problèmes d'équilibre dans la constitution de l'ensemble, les prostituées spécialisées dans une perversion rapportant davantage par passe, mais à une fréquence plus faible qu'une prostituée habituelle (demande moins fréquente, aspect dissuasif des tarifs élevés etc.).

La part du marchand

La participation du marchand n'est en fait indexée qu'indirectement aux nombre de passes, elle se base sur le nombre de pièces qui font partie du lot qu'il doit échanger avec la colonie. On ne confie qu'un lot par marchand, toutes les deux semaines environ, d'une taille moyenne de 10.000 unités.

Une fois la transaction effectuée, le chef de gang donnera au marchand 5% de la valeur du stock échangé, en biens, en services ou en faveurs, selon ce qui intéresse le marchand. Dans le cas des cardans, le lot vaut 900.000 , le marchand reçoit 45.000

Attention, ce n'est pas un argent si facilement gagné que cela, car le marchand doit veiller à ce que la colonie ne lui donne pas de la camelote, auquel cas il devrait compenser la pègre sur ses fonds propres. La pègre peut, elle aussi, vouloir tricher sur les quantités, si le marchand n'est pas assez précautionneux.

Si la plupart des marchands impliqués sont des habitués, on fait souvent appel à des marchands de passage pour brouiller les pistes et ne pas laisser le trafic reposer dans les mêmes mains. Les marchands de passage ont aussi l'avantage d'être moins exigeant sur leur rémunération. Est-il besoin de rappeler qu'il est très délicat de vouloir doubler la pègre... ?