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A 30 kilomètres
de l'Abri K17 se trouve une grosse ferme au milieu des champs glacés,
autour de laquelle il règne toujours une certaine activité.
Il s'agit du "Bartertown"
de Philppe & Maurice, appelé ainsi en référence
à la ville du film Mad Max III.
Philippe était
agriculteur et propriétaire de la ferme avant guerre. Lorsque l'armée
réquisitionna ses 12.000 poulets et tous ses stocks lors des premiers
jours de l'Apocalypse, Philippe décida d'utiliser le hangar d'élevage
devenu libre pour mettre son potager à l'abri des rôdeurs
que l'on voyait déjà ici et là.
Philippe était
seul, et la défense de la ferme s'avérait de plus en plus
difficile avec la progression de la détresse envionnante. Il s'associa
avec un survivant assez audacieux pour venir nu dans un champ glacé
lui parler affaires.
Celui que l'on ne
connaît maintenant comme Maurice, qui a choisi ce prénom
pour faire ainsi un clin d'oeil à la marque de tabac Philip Morris,
était avant la guerre un restaurateur sénégalais,
grand spécialiste des affaires qui marchent bien tant que les fisc
les ignore.
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Il proposa à
Philippe une association autour d'un plan audacieux : comme d'ici quelques
mois il ne resterait sur Terre que les plus débrouillards, et que
Philippe ne saurait s'aventurer loin de sa ferme pour glaner le nécessaire
de survie, il faudra établir une base pour effectuer le troc ;
ainsi, les autres
lui apporteraient ce dont il a besoin.
Etablir une serre
pour y faire pousser de la nourriture était bien trop dangereux,
bien que la ferme bénéficie de la proximité de K17,
Maurice proposa d'y faire pousser du tabac.
En effet, dans un
monde où l'on se tue pour quelques betteraves, personne ne consacre
de ressources à l'accessoire. Mais pour ceux qui sont les mieux
protégés -et Maurice pensait aux gens des Abris- les petits
plaisirs de la vie ont encore assez de valeur, ainsi que pour les plus
débrouillards des survivants.
Les premiers visiteurs
ne tardèrent pas à faire leur apparition. Philippe et Maurice
recrutèrent les plus loyaux d'entre eux comme troupe ou comme employés.
La ferme, fortifiée, était devenue inexpugnable.
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La ferme compte maintenant
3 ouvriers agricoles permanents et 8 gardes. Le hangar a été
converti avec succès en une grande serre où poussent tabac
(60%), coca (25%), pavot (10%) et marijuana (5%).
Le pavot est en majeure
partie destiné à un usage médical aux abris, mais
quelques survivants fortunés ou officiers de l'Abri apprécient
parfois de fumer un peu d'opium.
K17 a donné
un tracteur au gazogène à Philippe, en échange d'une
quantité mensuelle déterminée de tabac. Ce tracteur
sert à collecter le bois nécessaire au générateur
à combustion qui chauffe et éclaire la serre.
La ferme disposait
depuis longtemps d'un collecteur de biogaz, qui fonctionne toujours avec
les divers déchets de l'exploitation.
Philippe est un gestionnaire
efficace des installations, y compris au niveau de sa défense et
de nouvelles activités plus discutables
Il a depuis un an
diversifié ses activités en ouvrant un bordel avec 3 survivantes
desepérées, et mène un commerce d'esclave avec ses
clients les plus infortunés (Cf. Infra).
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Maurice est comme
toujours un excellent négociant, qui veille à l'approvisionnement
régulier de la ferme.
De par ses contacts
systématiques avec ses clients, il connaît
désormais mieux que quiconque la mentalité des survivants
de l'Apocalypse.
Bien que quittant
rarement son petit bureau chargé de papiers, sur lequel trône
en permanence un boulier, c'est en outre l'homme le mieux renseigné
de la région, et c'est là son commerce le plus lucratif.
Il vend ou échange
des renseignements à l'Abri et aux Missions Autonomes, qui viennent
souvent le consulter à cette fin. De par ses contacts avec les
Missions Autonomes, il a parfois une meilleure connaissance de la géographie
locale que l'Etat-Major des Missions.
Il vend également
des "bons plans" aux survivants en quête de butin, comme
des cartes au
trésor (des caches d'armes ou de nourriture) ; lorsqu'il n'en a
pas sous la main, il en invente, après tout personne n'en est revenu
pour s'en plaindre.
Lorsque Maurice reconnaît
un coup réellement intéressant, il propose à des
aventuriers de passage d'aller le réaliser, en compagnie d'un de
ses gardes comme superviseur.
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La
plupart des survivants se rendent au "Bartertown" de Philippe
& Maurice pour échanger des prises intéressantes contre
de la nourriture ou des feuilles de coca (en mâchant celles-ci,
ils ne sentent plus la faim, la soif et le froid). Les produits délivrés
en échange intéresseront d'autres survivants, les Missions
Autonomes ou l'Abri lui-même.
Les échanges
ont lieu dans la "boutique", la grande salle de la ferme. C'est
une pièce de 9 mètres sur 6, carrelée de grès
et dotée de vieilles poutres au plafond relativement bas, desquelles
pendent une pagaille d'armes, de gourdes, de sacs et d'autres équipements
hétéroclites.
Un garde est en permanence
posté près de la porte, qui ne peut s'ouvrir que de l'intérieur.
Le fond de la pièce
est occupée par un petit bureau de maître d'école,
sur lequel Maurice travaille en permanence. Non loin de là, un
poële ronronne dans son coin, des feuilles de tabac et de marijuana
pendant au-dessus.
Dans la cour, prêt
du générateur à combustion, se trouve une cabane
préfabriquée en tôle, à l'intérieur
de laquelle se trouve une grande baignoire. Le bain est seul luxe que
se permettent les survivants sages ou économes.
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Les plaisirs plus
raffinés sont prisés par la population de K17, pour laquelle
une salle plus présentable que la "boutique" a été
aménagée en fumoir.
C'est une petite pièce
de 4 mètres sur trois, presque entièrement occupée
par un large canapé et deux fauteuils profonds en cuir. Entre le
canapé et les fauteuils se trouve une table basse encombrée
de magazines pornographiques et photographiques, de cendriers et d'un
beau narguilé en argent.
A l'étage se
trouve le bordel, sous forme de trois chambrettes sous le toit et d'un
antichambre exigü, dans lequel des caisses en bois remplies de préservatifs
font office de sièges.
Le personnel est
constituée de deux femmes mûres (41 et 45 ans) et une jeune
femme plutôt laide que l'Apocalypse a rendu névrotique.
Ces lieux sont surtout
fréquentés par les membres des Missions Autonomes, parfois
comme récompense, et par des habitants des Abris -généralement
des membres des Corporations, des scientifiques et des officiers- venus
se dévergonder au contact des survivants.
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Dans un monde aussi
désolé, il est tentant de prendre la ferme de Philippe et
Maurice pour le paradis.
Regulièrement,
des survivants perdent tout leur avoir en restant à Bartertown.
La nourriture y est chère, les plaisirs forts mais fugaces, on
y perd la notion du temps.
Parfois, le survivant
est tout bonnement trop heureux de vivre en société pour
se résigner à retourner dans le froid et la misère.
Lorsque les vêtements
chauds et les armes ont été vendues, le survivant n'a plus
grand-chose d'autre à offrir que son corps.
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Il est alors astreint
à la corvée, généralement à la collecte
du bois aux alentours de la ferme.
Ces esclaves perdent
rapidement tout espoir de retour à la normale ou de fuite. S'ils
possédent un savoir-faire ou des compétences particuliers,
K17 est susceptible de les acheter, sinon leur sort est funeste.
Lorsque ces hommes
cèdent à la fatigue, la maladie ou la faim, on abrège
leurs souffrances pour les préparer ensuite à la consommation
cannibale.
Maurice essaie parfois
d'en vendre un des mieux portants comme bétail sur pied à
des survivants fortunés, mais la cruauté de la transaction
fait qu'elle n'aboutit généralement pas.
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