Une journée ordinaire de la famille Kusqa

L'après-midi

   

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  Journée : l'après-midi

 

 

     
 

Amil Kusqa (42 ans), sa femme Sanga (36), leurs fils Boujou (18) et Gajon (15) et enfin leur fille Lyga (12) forment une famille typique de la colonie africanisée d'Ananke, dans le système de Jupiter. Nous allons les suivre pendant une journée tout à fait ordinaire, afin de nous familiariser avec la vie quotidienne dans une colonie spatiale.

 
     
 

 

Amil parcourt les coursives de l'usine, son repas à la main. Ses horaires sont flexibles, aussi peut-il librement renoncer à sa pause repas. Amil attend la fin de ses heures avec impatience, mais il est également tâtillon.

Pour l'instant, un dispositif flambant neuf, d'une construction étrangère à Ananke, absorbe toute son attention. Il lit le code-barre au moyen d'un lecteur-laser, qui lui indique qu'il s'agit d'une vanne de sécurité. Cette réponse ne le satisfait pas, et il appelle sa centrale.
- "Allô Centrale, qu'est ce que c'est que le module 271.526, dans la sous-section QHH-72 du bloc C ?"
Une voix soupire dans son communicateur, et répond dans un ton exaspéré :
- "Enfin, Kusqa, lisez votre écran, c'est une vanne de sécurité ! Vous avez rien d'autre à faire, c'est ça ?"
- "C'est pas une vanne ! C'est des conneries de la base de données, ça !"
- "Mais enfin Kusqa, ne soyez pas ridicule ! C'est cassé au moins ?"
- "Mais décollez votre cul de votre putain de chaise ! Je sais à quoi ressemble une vanne, moi ! C'est jamais une vanne ce machin !"
- "Kusqa, vous prenez du retard dans votre ronde..."
- "Et moi je vous emmerde ! J'en aurais le coeur net, dites à Max-Hus de venir me rejoindre."

Max-Hus, son chef, arrive sur les lieux une dizaine de minutes plus tard, fort embêté d'avoir dû se lever de table, d'autant plus que sa femme lui avait fait de la terrine de soja à la mode de Telesto. Il découvre Amil devant un appareil dépouillé de son boîtier et de quelques éléments éléctroniques.
- "Qu'est-ce que c'est que ce machin ?"
- "Une bonne question, chef. C'est une bombe."
Max-Hus recule de quelques pas, choqué par cette réponse.
- "Comment ? Mais... je vois pas d'explosifs..."
- "Regardez, l'appareil est branché sur le réseau d'eau des sprinklers de la sous-section. Mais, vous voyez ici ? C'est un petit appareil à éléctrolyse. Lentement, il dissocie l'eau en gaz détonant. Il stocke l'oxygène et l'hydrogène ensemble dans cette poche plastique, là."
Amil s'interrompt pour fixer son chef dans les yeux, et y lire une terreur sourde. Il poursuit, en indiquant une partie de l'appareil :
- "Si on démontait la base de cette poche, ici, je serais pas étonné de trouver une bougie ou une résistance incandescente." Amil se redresse, tape sur un gros tuyau bleu au-dessus de lui et conclut :
- "Et enfin, c'est à proximité immédiate de cette conduite de méthane, ici. Un beau bordel en perspective, chef".
Max-Hus, interdit, marmonne :
- "Mais c'est impossible... qui voudrait faire ça ?"
- "Je sais pas, mais ca pourra certainement intéresser la police." rétorque Amil
- "La police ? Mais ... on peut pas éviter ça ?". Façe à son chef apeuré, Amil prend une voix rassurante :
- "Patron... imaginez si on trouve d'autres trucs du même genre ailleurs... on n'a même pas le budget pour mener les recherches, alors les changer... Par contre, avec la police, ca change tout. On pourra même avoir une augmentation, hein, allez savoir."
Max-Hus réflechit un peu, puis pousse un gros soupir, et pianote sur son bracelet de commande. Presque aussitôt, il dit :
- "Allô ? Pouvez envoyez une patrouille par ici ?"

-

A 15 heures, Senga quitte enfin le centre administratif. Elle prend son temps pour rentrer chez elle, observant les étals des artisans et des amateurs. Elle s'attarde un moment sur un sac qu'elle trouve étonnament hideux, mais repart juste avant que l'artisan ne s'adresse à elle. En rentrant au conapt, elle ressort son matériel de maroquinerie de sa cantine et le met sur la table, avec un sac à moitié terminé. "Pas étonnant que le bon goût se perdre, pense-t-elle en manipulant le cuir synthétique avec répugnance, quand on voit ce qu'on fabrique comme matériaux aujourd'hui".

Senga exécute sa commande en pensant au concert de ce soir. "Les concerts sont toujours de bonnes occasions pour faire sa réclame et recevoir des commandes. Et puis ça change des films, toujours la même soupe patriotique. Mais les garçons tombent toujours dedans". Et, en pensant à son mari, "même lorsque les garçons ont grandi".

Lyga rentre de l'école encore impressionnée de l'exercice du matin, et raconte tout à sa mère ; celle-ci sourit au souvenir qu'il lui reste de sa propre enfance, lorsqu'il fallait enfiler un casque rigide qui coinçait les cheveux.

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