Une journée ordinaire de la famille Kusqa

La soirée

   

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  Journée : la soirée

 

 

     
 

Amil Kusqa (42 ans), sa femme Sanga (36), leurs fils Boujou (18) et Gajon (15) et enfin leur fille Lyga (12) forment une famille typique de la colonie africanisée d'Ananke, dans le système de Jupiter. Nous allons les suivre pendant une journée tout à fait ordinaire, afin de nous familiariser avec la vie quotidienne dans une colonie spatiale.

 
     
 

Les cours du lycée s'achèvent à 18 heures. Boujou rejoint son groupe d'amis, qui va répéter pour un concert alternatif dans une salle de classe. Pour eux, c'est une des dernières fois qu'ils sont ensembles, avant de séparer pour l'université ou le Service. Boujou est le dernier à ne pas avoir été implanté, à vrai dire il ne voudrait pas que l'école cesse, que ses amis le quittent, mais la séparation s'annonce inéluctable. Ses amis tournent son ignorance des différentes options du Service en dérision, mais le pire pour Boujou est leur évocation de tous les services que l'EID leur a ouverts, triviaux pour eux mais exotiques pour lui. Boujou se sent de plus en plus mélancolique.

Gajon, quand à lui, va flâner un peu dans les passages avant de rejoindre la maison. Aujourd'hui, il a poussé un peu plus loin, vers les magasins de démonstration proches du quartier d'affaires. Il croise le regard d'une jeune fille de son âge, à la peau très blanche et très légèrement duvetée, qui le fixe de ses grands yeux noirs. Ils s'observent un moment ; il est fasciné par ses cheveux bleus presques translucides et ses vêtements d'un tissu luisant, qui font ressortir sa poitrine déjà bien développée.

Mais, alors que le flirt va vraiment commencer, une femme à l'aspect similaire sort d'un magasin et emmène la fille dans le coeur du quartier interspatial. Gajon voudrait les suivre quelques instants mais la fille se retourne et lui adresse un clin d'oeil, accompagné d'un grand sourire. Gajon reste sur place, pétrifié, et la regarde s'éloigner. Bientôt, des dizaines de millions de kilomètres les sépareront, peut-être déjà demain, et il ne se reverront jamais.

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Le programme interactif que suit Lyga sur l'écran est interrompu par un appel visiophonique d'Amil. Senga, en train de se préparer pour le concert, accepte la transmission, et découvre une image de piètre qualité, typique des vieux terminaux de l'usine où travaille Amil. Son mari se trouve dans une coursive, tournant le dos à l'activité d'une vingtaine de personnes, dont plusieurs policiers, sur un ensemble de tuyaux. Amil dit alors d'une voix triste :
- "Chéri, je suis désolé, mais on a une urgence ici. Je ne pourrais pas t'accompagner au concert ce soir." Senga s'inquiète un peu et demande :
- "Tu vas bien ? Rien de grave, hein ?"
- "Ne t'inquiètes pas, chérie, tout va bien. Je dois y retourner, à plus tard."

Amil, après avoir coupé la transmission, fait un geste de victoire, puis se dirige prestement vers le groupe en effervescence. Il voit son chef qui profite d'un répit pour engloutir un reste de terrine maintenant froide et gluante, et lui dit :
- "Eh bien chef, je vais y aller maintenant." Max-Hus finit de déglutir et rétorque :
- "D'accord. J'attends ma relève, et je vais y aller aussi." En désignant l'appareil maintenant minutieusement décortiqué par les experts de la police, il ajoute avec un clin d'oeil : "Bon boulot, hein. Je crois que tu peux compter sur au moins 20 heures de bonus."

Une demi-heure plus tard, Amil actionne la sonnette d'un conapt dans le quartier des universités. Une jeune fille vient lui ouvrir, et l'emmène aussitôt à l'intérieur en le prenant par le bras. A peine la porte coulissante s'est-elle refermée qu'elle s'exclame dans une voix exagérément dramatique :
- "Ooh mon tout doux, comme je t'ai attendu aujourd'hui !"

Elle jette ses bras à son cou, et Amil la serre fortement contre elle, l'embrassant goûlument. Amil se sent très bien, tous deux glissent hâtivement vers le lit, meuble central du conapt exigü.

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